Lorsqu’on dirige une société, la question de la rémunération se pose inévitablement. Les dirigeants d’entreprise, qu’ils soient présidents de SAS, gérants de SARL ou encore associés majoritaires, doivent choisir entre se verser un salaire ou percevoir des dividendes. Ce choix a des incidences financières, sociales et fiscales importantes. Dans cet article, nous vous guidons à travers les implications de chaque option afin de vous aider à prendre une décision éclairée.
Les notions à connaître : salaire et dividende
Le salaire : rémunération du travail
Le salaire correspond à la contrepartie d’un travail effectué. Il est versé en cas d’exercice effectif de fonctions de direction rémunérées. Ce revenu est encadré par un contrat ou un mandat social (selon la forme juridique) et figure comme une charge pour l’entreprise.
La rémunération permet de cotiser aux régimes de sécurité sociale : retraite, assurance maladie, formation professionnelle, etc. Elle est soumise à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des traitements et salaires.
Les dividendes : rémunération du capital
Les dividendes sont des revenus distribués aux associés en proportion de leur participation au capital social. Ils relèvent d’une décision d’affectation du résultat par l’assemblée générale après approbation des comptes.
Ils ne sont dus que s’il existe un bénéfice distribuable. Leur versement est donc incertain et dépend de la santé financière de l’entreprise, mais n’entraîne aucune charge sociale (sauf exceptions), contrairement aux salaires.
Comparatif fiscal et social : salaire versus dividendes
Les charges sociales
- Salaire : soumis aux cotisations sociales (URSSAF, retraite, allocations familiales, etc.). Le coût total pour l’entreprise peut être important (jusqu’à 70 % en sus du net perçu).
- Dividendes : en SAS, ils ne supportent pas de charges sociales. En revanche, en SARL, les dividendes versés au gérant majoritaire au-delà de 10 % du capital + primes d’émission + compte courant sont soumis aux cotisations sociales.
La fiscalité
- Salaire : imposé à l’impôt sur le revenu selon le barème progressif, avec possibilité d’abattements et de déductions, notamment la déduction des frais professionnels.
- Dividendes : soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % comprenant l’impôt (12,8 %) et les prélèvements sociaux (17,2 %), sauf option pour le barème progressif.
Points d’attention
Les chefs d’entreprise doivent évaluer l’impact global (net perçu après impôt et charges) et la nature de leur protection sociale (retraite, maladie) avant de trancher. Le versement d’un salaire ouvre des droits, contrairement aux dividendes.
Choisir en fonction du statut juridique et des besoins
En SAS / SASU
Le dirigeant est assimilé-salarié : il peut choisir de percevoir un salaire, soumis à charges, ou des dividendes s’il est actionnaire. En l’absence de rémunération, il n’y a pas de cotisation sociale (ce qui peut être un inconvénient en matière de protection sociale).
En SARL / EURL
Le gérant majoritaire est affilié au régime des travailleurs non-salariés (TNS). Moins protecteur que le régime général, il implique toutefois des cotisations sociales moindres. Mais les dividendes peuvent être requalifiés en revenus d’activité et supporter des cotisations.
Avantages et inconvénients
Le salaire
- Avantages : couverture sociale complète, retraite, indemnités journalières.
- Inconvénients : coût élevé pour l’entreprise (charges sociales).
Les dividendes
- Avantages : flexibilité du versement, fiscalité attractive dans certains cas, absence ou allègement de charges.
- Inconvénients : absence de protection sociale, dépendance à la rentabilité de l’entreprise, assujettissement aux prélèvements sociaux à partir d’un certain seuil (notamment en SARL).
Comment optimiser votre rémunération en tant que dirigeant
Mettre en place une stratégie équilibrée
Une stratégie efficace repose souvent sur un mix entre salaire et dividendes. Cela permet de combiner protection sociale et optimisation fiscale. Le bon dosage dépendra du niveau de revenu souhaité, du statut juridique de l’entreprise, et de sa rentabilité.
Anticiper les régulations fiscales
Il est essentiel de rester informé des évolutions législatives. Le régime des dividendes a notamment été modifié ces dernières années, avec l’introduction du PFU, ainsi que la soumission partielle aux cotisations sociales pour certaines formes juridiques.
Se faire accompagner par un professionnel
Faire appel à un avocat en droit des affaires ou un expert-comptable vous permettra de bâtir une stratégie optimale, sur mesure, et légalement sécurisée. Leurs conseils sont particulièrement utiles pour anticiper les conséquences fiscales, sociales, et juridiques de vos choix.
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