Actions en justice pour abus de biens sociaux : rôle des minoritaires

par | 4 Sep, 2025 | Procédure

Dans le cadre du droit des sociétés, l’abus de biens sociaux (ABS) est une infraction pénale caractérisée par l’utilisation, par un dirigeant, des biens ou du crédit de la société à des fins personnelles, en violation de l’intérêt social. Prévu à l’article L. 241-3 du Code de commerce pour les SARL et L. 242-6 pour les SA, ce délit peut entraîner des sanctions pénales ainsi que la mise en cause de la responsabilité civile du dirigeant.

Cette infraction concerne exclusivement les sociétés commerciales, et vise à protéger l’intérêt social contre les comportements frauduleux ou inappropriés des dirigeants.

Caractéristiques de l’abus de biens sociaux

Un usage contraire à l’intérêt social

Pour être qualifié d’abus de biens sociaux, l’acte reproché au dirigeant doit être :

  • Effectué de mauvaise foi ;
  • Contrôlable : l’usage des biens ou crédits doit être identifié (prêt injustifié, dépenses privées, etc.) ;
  • Contradictoire avec l’intérêt de la société.

Par exemple, le financement d’un projet personnel avec les fonds de la société ou la mise à disposition gratuite d’un bien de l’entreprise à un proche sont des illustrations fréquentes de cette infraction.

Dirigeants concernés

Les poursuites visent principalement les personnes ayant le pouvoir de gestion :

  • Gérants de SARL ou SELARL ;
  • Présidents, directeurs généraux ou membres du directoire dans les SA ;
  • Dirigeants de fait, dès lors qu’ils exercent une autorité effective.

Action en justice des associés minoritaires

Les associés minoritaires peuvent jouer un rôle crucial dans le contentieux lié à un abus de biens sociaux, bien que leur pouvoir soit limité par la répartition du capital social. Ils disposent toutefois de mécanismes juridiques pour agir contre les abus de dirigeants.

La plainte pénale avec constitution de partie civile

Les associés minoritaires peuvent déposer une plainte auprès du procureur de la République. En cas d’inaction des autorités, ils peuvent se constituer partie civile devant un juge d’instruction, ce qui déclenche l’ouverture d’une information judiciaire.

Cette action suppose de réunir un faisceau de preuves démontrant l’existence d’un usage abusif des biens sociaux par le dirigeant. Il peut s’agir :

  • De relevés comptables suspects ;
  • De témoignages ;
  • D’achats non justifiés par l’activité sociale.

L’action sociale ut singuli

En l’absence d’action de la société (notamment lorsque le dirigeant en cause est majoritaire), un associé, même minoritaire, peut exercer une action dite « ut singuli ». Elle permet d’intenter une action en responsabilité au nom de la société, contre le dirigeant fautif.

Ce recours est particulièrement utile lorsque la direction refuse de défendre les intérêts sociaux dans le cadre d’un contentieux dirigeants.

Conditions de recevabilité

La qualité d’associé doit être établie au moment des faits ou de l’action. Il n’est pas nécessaire de détenir une part minimale du capital, sauf dans certaines sociétés (les sociétés cotées par exemple). Les associés doivent démontrer un préjudice indirect lié à l’acte fautif du dirigeant pour que l’action soit recevable. Dans tous les cas, il est conseillé de solliciter l’accompagnement d’un avocat en contentieux.

Conséquences juridiques pour les dirigeants

Lorsqu’un dirigeant est reconnu coupable d’abus de biens sociaux, les sanctions applicables sont lourdes :

  • 5 ans d’emprisonnement ;
  • 375 000 € d’amende (pouvant être majorée en cas de circonstances aggravantes) ;
  • Interdiction de gérer ;
  • Réparations civiles envers la société.

La condamnation emporte également une perte de confiance majeure auprès des partenaires commerciaux et financiers, avec un impact potentiellement significatif sur la pérennité de l’entreprise.

Bonnes pratiques pour les associés minoritaires

Surveillance régulière de la gestion

Les associés doivent exercer leur droit d’information et demander communication des pièces (rapports de gestion, états financiers, procès-verbaux). Une vigilance constante est essentielle pour prévenir tout abus de biens sociaux.

Mobilisation collective

L’agrégation des voix d’associés minoritaires permet souvent de franchir les seuils utiles pour convoquer une assemblée ou entamer une action en justice. La stratégie collective accroît également la pression juridique et médiatique sur le dirigeant potentiel fautif.

Recours à un conseil juridique

Agir seul dans un contentieux dirigeants est risqué : il est recommandé de solliciter un avocat pour analyser les faits, évaluer les probabilités de succès et constituer un dossier solide en vue d’une action judiciaire.

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