La planification des dividendes constitue un levier stratégique incontournable pour les dirigeants souhaitant optimiser leur rémunération tout en maîtrisant leur fiscalité. Entre règles juridiques, cadre fiscal et bonnes pratiques, il est essentiel pour tout dirigeant de TPE ou PME de bien comprendre les implications liées à la distribution de dividendes. Cet article vous propose un tour d’horizon complet des éléments à maîtriser avant de procéder à un versement de dividendes.
Définition et cadre juridique des dividendes
Qu’est-ce qu’un dividende ?
Un dividende est une part du bénéfice distribuée aux associés ou actionnaires d’une société. Il représente une rémunération du capital investi. Le versement de dividendes n’est pas automatique : il suppose l’existence d’un bénéfice distribuable et la décision d’assemblée générale.
Conditions légales de la distribution
La distribution de dividendes est encadrée par le Code de commerce, notamment les articles L.232-11 et suivants pour les sociétés commerciales. Les conditions sont les suivantes :
- Un bénéfice distribuable doit exister, après affectation aux réserves légales et statutaires.
- L’assemblée générale ordinaire doit approuver les comptes et décider de l’affectation du résultat.
- En cas de pertes antérieures non apurées, aucun dividende ne peut être distribué.
Régime fiscal des dividendes
Fiscalité applicable au dirigeant personne physique
Depuis la réforme de 2018, les dividendes perçus par un dirigeant sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) également appelé flat tax. Ce régime prévoit :
- 12,8% d’impôt sur le revenu
- 17,2% de prélèvements sociaux
Soit un taux global de 30%. Toutefois, le contribuable peut opter pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu, permettant alors de bénéficier d’un abattement de 40% sur le montant brut des dividendes (hors prélèvements sociaux).
Particularités pour les dirigeants de société soumise à l’IS
Les dirigeants de sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés (IS) peuvent percevoir des dividendes en complément de leur rémunération. Attention toutefois : pour les travailleurs non salariés affiliés à la sécurité sociale des indépendants (ex RSI), la part de dividendes excédant 10% du capital social, des primes d’émission et des sommes versées en compte courant d’associé est assujettie aux cotisations sociales.
Stratégie de rémunération : dividendes ou salaire ?
Comparer les charges sociales et fiscales
Le choix entre salaire et dividendes dépend de plusieurs paramètres :
- La situation personnelle du dirigeant (protection sociale, niveau d’imposition, régime fiscal du foyer…)
- Le niveau de bénéfices et la trésorerie disponible de l’entreprise
- Les objectifs à court et long terme (optimisation fiscale, retraite, investissement…)
En règle générale, le salaire offre une meilleure protection sociale (retraite, maladie, maternité) mais supporte des charges sociales plus élevées. Les dividendes sont fiscalement avantageux à court terme mais ne donnent pas de droits sociaux et peuvent entraîner un redressement si mal planifiés.
Optimiser la combinaison salaire/dividendes
La combinaison d’une rémunération modérée et de dividendes complémentaires peut être pertinente. L’optimisation dépendra notamment de la forme juridique de la société (SAS, SARL), du régime social du dirigeant (assimilé salarié ou TNS), et de sa tranche marginale d’imposition.
Démarches pratiques pour verser des dividendes
Étapes à respecter
Voici les principales étapes à suivre pour une distribution conforme :
- Clôture des comptes annuels par la société
- Établissement d’une assemblée générale ordinaire (AGO) approuvant les comptes
- Décision de l’AGO sur l’affectation du résultat : intégration en réserves ou distribution
- Versement des dividendes aux associés dans les six mois suivant l’AGO
- Réalisation des déclarations fiscales et sociales (formulaire 2777-D, DSN le cas échéant)
Délais et fiscalité à anticiper
Le versement doit intervenir dans un délai de 9 mois à compter de la clôture de l’exercice (sauf prorogation par décision de justice). Le prélèvement à la source s’applique au moment du versement et doit être reversé à l’administration fiscale via la déclaration 2777-D dans les 15 jours du mois suivant celui du paiement.
Conseils pratiques pour les dirigeants
Anticiper les implications sociales
En particulier pour les dirigeants de SARL relevant du régime TNS, il est recommandé d’être vigilant sur le seuil de 10% au-delà duquel les dividendes sont réintégrés dans l’assiette des cotisations sociales. En cas de doute, mieux vaut opter pour la prudence ou solliciter un professionnel.
S’organiser en amont
Il est conseillé de planifier l’affectation du résultat avec votre expert-comptable plusieurs mois avant la clôture de l’exercice. Cela permet d’anticiper les impacts fiscaux, d’ajuster les provisions légales et de réfléchir aux besoins en trésorerie.
Recourir à un avocat en droit des affaires
L’intervention d’un avocat permet de sécuriser le processus juridique (rédaction et tenue d’assemblée, conformité des statuts, stratégie de distribution) et de bénéficier d’une vision globale quant aux risques fiscaux et sociaux.
Vous êtes dirigeant de TPE ou PME ? Profitez de notre abonnement juridique annuel et bénéficiez d’un accompagnement personnalisé tout au long de l’année.