Dans une société familiale, la distribution de dividendes représente un enjeu stratégique à la fois pour la rémunération des associés et pour la gestion patrimoniale optimisée de la structure. Il est essentiel de maîtriser les règles juridiques encadrant cette pratique ainsi que les impacts fiscaux propres à la nature familiale de l’entreprise. Cet article propose un panorama complet des différents aspects liés à la distribution de dividendes au sein d’une société familiale, avec des conseils pratiques pour les dirigeants de TPE et PME.
Cadre juridique de la distribution de dividendes
Conditions préalables à la distribution
La distribution de dividendes n’est possible que si certaines conditions sont réunies :
- La société doit avoir réalisé un bénéfice distribuable.
- Les comptes annuels doivent être préalablement approuvés par l’assemblée générale ordinaire.
- Les réserves légales (notamment 10 % du bénéfice jusqu’à 10 % du capital) doivent être constituées.
Le montant distribuable correspond aux bénéfices de l’exercice, augmentés des bénéfices antérieurs non distribués et diminués des pertes antérieures ainsi que des sommes à porter en réserve.
Procédure de distribution
Les dividendes sont votés par les associés lors de l’assemblée générale ordinaire annuelle. Ils peuvent proposer une distribution ou décider de laisser les bénéfices en réserve ou en report à nouveau. En société familiale, cette étape requiert une attention particulière en raison des éventuelles tensions entre associés, notamment en cas de transmission intergénérationnelle.
Régime fiscal applicable aux dividendes
Prélèvements sociaux et imposition
Depuis l’entrée en vigueur du prélèvement forfaitaire unique (PFU ou « flat tax »), les dividendes perçus par les associés personnes physiques sont soumis de plein droit à ce régime :
- 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu.
- 17,2 % au titre des prélèvements sociaux.
Soit un total de 30 % au titre du PFU, sauf si l’associé opte pour l’imposition au barème progressif (plus avantageuse en cas de faibles revenus).
Spécificités pour les dirigeants
En société soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), les dividendes versés aux dirigeants majoritaires de SARL (gérants) sont soumis à une fraction de cotisations sociales si la rémunération de gérance est faible et que les dividendes dépassent 10 % du capital social, des primes d’émission et des sommes versées en compte courant.
Particularité pour les associés de sociétés à l’impôt sur le revenu (type SCI ou société de personnes) : les bénéfices, même non distribués, sont imposables personnellement, ce qui influence fortement le choix de distribution.
Conseils pratiques pour dirigeants de sociétés familiales
Optimiser la rémunération entre salaires et dividendes
Il est recommandé d’étudier, avec l’aide d’un conseiller juridique et fiscal, l’arbitrage entre rémunération (soumise à cotisations sociales mais déductible) et dividendes (non déductibles mais fiscaux potentiellement avantageux). Cette stratégie doit tenir compte :
- du statut social du dirigeant,
- de la situation financière de la société,
- et de l’impact sur les droits à la retraite ou la protection sociale.
Anticiper la gouvernance et les conflits intra-familiaux
Dans une société à capital familial, des tensions peuvent émerger entre membres de la famille, notamment entre associés actifs et passifs. Il est essentiel de :
- Prévoir une politique de distribution stable et transparente inscrite dans les statuts ou pactes d’associés,
- Structurer la transmission (donation-partage, holding familiale),
- Protéger les associés grâce à des clauses d’agrément ou de préemption.
Éviter la requalification en abus de droit fiscal
L’administration fiscale peut requalifier une stratégie d’optimisation de distribution ou de rémunération si elle est jugée fictive ou exclusivement motivée par des raisons fiscales. Par précaution :
- Documenter toute stratégie de distribution,
- Maintenir une cohérence entre les démarches économiques et les distributions réalisées,
- Faire appel à un avocat fiscaliste ou un expert-comptable.
Conclusion
La distribution de dividendes dans une société familiale nécessite une maîtrise rigoureuse des textes juridiques applicables, une approche anticipée des enjeux fiscaux et sociaux, et une gouvernance apaisée au sein de la famille. Face à la complexité croissante du droit et à l’évolution constante de la fiscalité, il est fortement conseillé de vous entourer de professionnels du droit pour sécuriser vos décisions.
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