La cession fonds commerce est une opération fréquente dans la vie d’une entreprise, notamment pour les commerçants qui souhaitent vendre leur activité. Elle consiste à transférer l’ensemble des éléments qui composent le fonds de commerce (clientèle, nom commercial, matériel, droit au bail, etc.) à un tiers acquéreur. Cette opération juridique est encadrée par des règles précises visant à protéger les parties prenantes, et plus particulièrement le bailleur commercial.
Les éléments constitutifs d’un fonds de commerce
Un fonds de commerce peut inclure :
- La clientèle, élément central et indispensable
- Le nom commercial et l’enseigne
- Le droit au bail, qui permet d’occuper les locaux
- Le matériel et les marchandises
- Les contrats attachés à l’exploitation (sous certaines conditions)
La transmission du fonds implique souvent la cession du bail commercial associé, ce qui peut générer un litige bailleur si certaines obligations ne sont pas respectées.
Le rôle du bail commercial dans la cession
L’importance du droit au bail
Le plus souvent, le vendeur cède le bénéfice de son bail commercial au repreneur. Ce bail est un actif intangible majeur du fonds. Toutefois, sa cession est encadrée par les stipulations contractuelles et le statut des baux commerciaux (articles L.145-1 et suivants du Code de commerce).
Clauses limitatives ou d’agrément
La plupart des contrats de bail prévoient des clauses d’agrément, qui obligent le cédant à obtenir l’accord préalable du bailleur pour céder son bail à l’acquéreur du fonds. Ces clauses peuvent être sources de contentieux commercial si :
- Le bailleur refuse injustement la cession
- Le bailleur tente d’imposer des conditions excessives
- Le refus du bailleur entraîne une perte d’exploitation ou la caducité de la vente
Contentieux fréquents entre cédant et bailleur
Refus de cession du bail par le bailleur
En pratique, bien que le bailleur soit tenu de justifier son refus de cession, certains essaient de bloquer la vente pour diverses raisons (désaccord sur la solvabilité du repreneur, volonté de revalorisation du loyer, etc.). De tels refus peuvent entraîner un litige avec le bailleur, pour lequel une négociation ou une action judiciaire peut être nécessaire.
Augmentation du loyer post-cession
Après la cession, certains bailleurs tentent d’imposer une modification des conditions du bail, notamment du loyer. Or, sauf clause dérogatoire ou preuve d’un changement notable des conditions de marché, cela peut relever d’un comportement abusif et être contesté devant les juridictions compétentes.
Responsabilité du cédant
Le vendeur peut rester solidairement responsable du paiement du loyer pendant une période qui peut aller jusqu’à trois ans après la cession (article L.145-16-1 du Code de commerce). Cette responsabilité peut également susciter un contentieux commercial si le repreneur est défaillant.
Prévenir les litiges avec le bailleur
Anticiper les points de friction
Pour éviter un litige bailleur lors d’une cession fonds commerce, il est recommandé de :
- Relire attentivement le bail avant toute négociation
- Engager dès que possible une discussion avec le bailleur pour l’informer de l’opération
- Faire appel à un avocat pour sécuriser la rédaction des actes juridiques
Faire intervenir un professionnel du droit
L’accompagnement par un avocat permet :
- D’évaluer la conformité du bail avec la cession envisagée
- De négocier les conditions avec le bailleur
- De préserver les intérêts du cédant, comme de l’acquéreur
Conclusion
La cession de fonds commerce est une étape stratégique pour tout chef d’entreprise, mais elle peut rapidement devenir source de contentieux si le bailleur s’y oppose ou impose des conditions abusives. Il est donc essentiel d’anticiper cette relation tripartite (cédant, acquéreur, bailleur) et de se faire accompagner par un professionnel du droit afin d’éviter les pièges juridiques et sécuriser l’opération.
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