Le droit au renouvellement du bail commercial est une protection fondamentale accordée au locataire commerçant ou artisan par le Code de commerce (articles L.145-1 et suivants). Sauf exceptions prévues par la loi, ce droit garantit la pérennité de l’activité et la stabilité de l’emplacement.
Lorsque le bailleur refuse ce renouvellement, il doit en principe verser une indemnité d’éviction (art. L.145-14 C. com.), destinée à réparer le préjudice subi par le locataire. Ce n’est que dans des hypothèses limitées ; motif grave et légitime, immeuble insalubre, reprise pour habiter ou reconstruire ; que ce refus peut intervenir sans indemnité.
Pour les dirigeants de TPE et PME, bien comprendre les conditions de validité d’un refus, les délais de notification et les recours possibles est essentiel afin de sécuriser leur activité et défendre leurs droits en cas de litige.
Comprendre le refus de renouvellement du bail commercial
Principe du droit au renouvellement
En vertu du statut des baux commerciaux, le locataire commerçant bénéficie en principe d’un droit au renouvellement de son bail. Ce droit s’applique à condition qu’il exploite son fonds de commerce de manière réelle et continue, et qu’il ait été titulaire du bail pendant au moins trois ans.
Les cas de refus légitime du bailleur
Le bailleur peut refuser le renouvellement de manière légitime dans les situations suivantes :
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Motif grave et légitime à l’encontre du locataire (ex. : impayés, dégradations, non-respect des clauses contractuelles) ;
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Reprise pour habiter personnellement ou loger un proche (art. L.145-17 C. com.) ;
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Démolition ou reconstruction de l’immeuble (art. L.145-17 C. com.) ;
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Immeuble insalubre ou menaçant ruine, rendant impossible son occupation (art. L.145-18 C. com.).
 
Dans ces cas, le bailleur peut refuser le renouvellement sans indemnité d’éviction, à condition de justifier le motif et de respecter les formalités légales.
Formalités et délais de notification du refus
Notification par acte extrajudiciaire
Conformément à l’article L.145-9 du Code de commerce, le refus doit être notifié par acte d’huissier (et non par simple lettre recommandée). Cette notification doit intervenir :
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dans les six mois précédant l’expiration du bail, ou
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à tout moment après l’expiration si aucun renouvellement n’a été proposé.
 
Mention de l’indemnité d’éviction
Si le refus ne repose sur aucun motif grave, la notification doit obligatoirement mentionner le droit du locataire à une indemnité d’éviction (valeur du fonds de commerce, perte de clientèle, frais de déménagement, etc.).
Les recours du locataire en cas de refus de renouvellement
Contester le motif du refus
Lorsqu’un bailleur refuse le renouvellement en invoquant un motif grave et légitime (impayés, dégradations, non-respect des clauses du bail) ou un motif légal (immeuble insalubre, reprise pour habiter), le locataire peut saisir le tribunal judiciaire.
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La charge de la preuve incombe au bailleur : il doit démontrer que les manquements du locataire sont suffisamment graves pour justifier un refus sans indemnité.
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Le juge apprécie souverainement la gravité des faits : par exemple, des retards de paiement isolés ou régularisés rapidement ne suffisent pas toujours à caractériser un motif légitime.
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Si le motif est jugé infondé, le bailleur sera condamné à payer une indemnité d’éviction.
 
Dans cette procédure, l’assistance d’un avocat est fortement conseillée pour contester la réalité des manquements reprochés.
Réclamer l’indemnité d’éviction
En l’absence de motif valable, le locataire bénéficie automatiquement d’une indemnité d’éviction (art. L.145-14 C. com.). Celle-ci vise à compenser l’ensemble du préjudice lié à la perte du bail.
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Le montant peut être négocié à l’amiable, mais en cas de désaccord, le juge fixe le montant.
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Le tribunal s’appuie souvent sur une expertise judiciaire : l’expert évalue la valeur du fonds de commerce, les pertes de clientèle, les frais de réinstallation, les pertes d’exploitation temporaires et, le cas échéant, les frais de licenciement du personnel.
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Le locataire doit apporter toutes les justifications chiffrées (bilans comptables, attestations, devis, contrats) pour prouver son préjudice.
 
Une indemnité mal évaluée peut mettre en danger la survie d’une entreprise : il est crucial de préparer un dossier solide.
Prolongation du bail
L’article L.145-28 du Code de commerce accorde au locataire un droit automatique de maintien dans les lieux tant que l’indemnité d’éviction n’a pas été versée.
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Ce maintien permet au locataire de continuer à exploiter son commerce dans les locaux, même après la fin du bail.
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Le bailleur reste tenu de respecter toutes ses obligations (entretien, charges, jouissance paisible).
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Le locataire doit continuer à payer son loyer aux conditions contractuelles tant que l’indemnité n’est pas réglée.
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Ce droit protège le commerçant contre un départ précipité et lui laisse le temps de préparer une éventuelle réinstallation.
 
En cas de désaccord persistant, ce maintien peut durer plusieurs années, jusqu’à ce qu’une décision judiciaire définitive fixe le montant de l’indemnité et que le bailleur la règle effectivement.
Le droit de repentir du bailleur
Le bailleur dispose d’un droit de repentir (art. L.145-58 C. com.) : même après avoir notifié un refus de renouvellement, il peut revenir sur sa décision et finalement accorder le renouvellement, à condition que l’indemnité d’éviction n’ait pas encore été payée. Ce mécanisme offre une porte de sortie au bailleur face à une indemnité trop lourde.
Comment se défendre efficacement : conseils pratiques
Anticiper le renouvellement du bail
Ne pas attendre la fin du bail pour se renseigner sur les intentions du bailleur est crucial. Un dialogue en amont peut permettre d’éviter les contentieux. Il est également recommandé d’envoyer une demande de renouvellement six mois avant la fin du bail, par acte d’huissier ou lettre recommandée.
Faire appel à un avocat spécialisé
Le contentieux bail commercial est complexe, et faire appel à un avocat spécialisé en contentieux permet de favoriser une négociation ou, si besoin, de défendre efficacement vos droits devant le tribunal.
Conclusion
Le refus renouvellement bail n’est pas une fatalité pour le locataire commerçant. Le droit au renouvellement constitue une véritable protection juridique. En cas de refus injustifié ou irrégulier, le recours locataire peut aboutir à une indemnisation substantielle. Il est donc essentiel d’agir rapidement, avec l’assistance d’un professionnel du droit, pour défendre ses intérêts et préserver son activité.
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